[ÉDITION] Maisons à compte d'auteur : pourquoi se carapater ? (Un avis épicé.)


On ne peut pas faire plus putaclic comme titre - oh bah si, dans le milieu des apprentis écrivains, c'est vachement putaclic et même un peu excitant.
Certains pourraient me dire : "Eh, dis donc Chevalier, ce n'est pas la neutralité qui t'étouffe !". Et je répondrais quelque chose qui ressemble à : "Ouais. C'est pas faux."

Au début, je me suis demandée si écrire cet article était utile. Et puis, je me suis vite rendue compte en quelques clics que les maisons d'édition à compte d'auteur pullulent encore et toujours et que, par extension, des auteurs continuent de donner un argent ô combien précieux à ces petits sal...timbanques.

Et même si cet article est plus destiné à ceux qui débutent, aux jeunes apprentis ayant un bébé manuscrit dans les bras et des étoiles plein les yeux (ne changez pas, vous êtes beaux), il me permettra aussi de déverser ma frustration dans les fanges d’internet. Parce que oui, j’ai clairement une dent contre ce système. Du coup, si je pouvais convaincre ne serait-ce qu'une personne de ne pas dépenser son argent en vain, ce serait pour moi une petite victoire. (... je vais tenter d'être un peu plus neutre pour la suite, promis. J’ai dit TENTER.) 
Mais avant de commencer, petit retour en arrière… 




Compte d’auteur, d’éditeur, autoédition… C’est quoi la différence ?

Petit rappel rapide pour ceux qui n’y connaissent rien. Les autres, vous pouvez dormir (oui, je vous vois, au fond de la salle, près du radiateur) ou passer directement au prochain sous-titre en gras.
Je vais être très rapide dans ma définition.

Éditions dites « classiques », à compte d’éditeur : 
Vous envoyez votre manuscrit. S’il est accepté, la maison d’édition prendra en charge absolument tout : la couverture, la correction du livre, et se chargera aussi de le diffuser. Vous toucherez ensuite un pourcentage correspondant à vos droits d’auteur (des cacahuètes, diront certains, et ce n’est pas faux). Vous pouvez toucher de 6 à 12% sur un livre par exemple. Ne parlons pas de l'édition jeunesse, c'est sujet à dépression.
Éditions à compte d’auteur : 
Tout est dans l’intitulé. Vous envoyez votre manuscrit, qui est dans la majorité des cas accepté. Ensuite, la maison d’édition vous enverra une petite facture que vous devrez payer vous-même, et cette dernière est souvent salée. D’après ce que j’ai vu, cela peut aller de 1000 euros à 5000.
Parfois, la couverture ou la correction n’est même pas comprise dans le tarif. Il faudra payer à nouveau pour y avoir droit.
Autoédition : 
Vous vous chargez de tout. Je dis bien : de TOUT. En passant par des sites comme thebookedition, lulu.com, ou même amazon, vous pouvez vendre votre livre à la demande.
Pour cela, vous devez faire la couverture, apprendre à mettre correctement en forme votre texte, corriger, définir votre bénéfice, savoir sur quel site le diffuser et faire votre pub vous-même. Avec ce système d’impression à la demande, cependant, vous n’avez rien à débourser et vous ne subissez aucune perte au niveau financier (sauf si vous souhaitez payer un correcteur ou un illustrateur). En revanche, il faut avoir un certain sens de la communication et ce n'est pas donné à tout le monde - moi la première.

Pourquoi le « compte d’auteur » me hérisse tant le poil ? 

Nous sommes dans une période charnière dans le milieu des auteurs. Le mépris de certaines maisons d’édition, les conditions de travail de plus en plus difficiles, le fait que beaucoup n'arrivent plus à en vivre, tout cela a contribué à un mouvement de protestation au sein du milieu des artistes auteurs (comme #payetonauteur, pour ne citer que lui).

Là où je trouve ça scandaleux, c’est que ce métier qui consiste à écrire des livres est déjà suffisamment déprécié sans avoir besoin de « professionnels » pour enfoncer le clou. Combien d’auteurs et d’autrices se sont pris des « mais sinon, c’est quoi ton vrai métier ? », « pourquoi tu veux être payé, c’est juste une passion… » et autres « ma tante Gisèle écrit gratuitement et elle est bien contente, tu t’attendais à quoi ? ». (Vous retrouverez les mêmes réflexions pour les illustrateurs, les graphistes et bien d’autres métiers.)

Les écrivains sont à la base d’une immense chaîne du livre qui emploie des milliers de personnes. Ils sont la source de tout un business et luttent chaque jour pour des droits qui tardent à arriver et qui relèvent pourtant du strict minimum.
Et là, OKLM, on ne vous propose pas d’être mal payés, ni même d’avoir un pourcentage pourri, non, c’est pire que ça : c’est VOUS qui devez payer pour avoir l’insigne honneur d’être publié. Je le répète : je trouve ça scandaleux et ça ne devrait pas exister.

Alors faites-moi plaisir, une seule chose à faire lorsque quelqu’un vous demande de l’argent pour publier votre propre bouquin : fuyez.

Moi face à une pub pour une maison d'édition à compte d'auteur.
Si vous ne croyez plus aux maisons d’éditions classiques et que vous souhaitez tout de même faire découvrir votre livre, l’autoédition est peut-être faite pour vous.

Et si vous aviez les moyens pour payer une maison d’édition à compte d’auteur, pourquoi ne pas payer plutôt un illustrateur ? Et même un correcteur ? La qualité de votre travail s’en ressentira et le côté professionnel fera fondre le cœur de vos futurs lecteurs. 

Vous n’avez pas d’argent ? Pas de panique, ça ne veut pas dire que votre couverture est destinée à être moche ! Vous pouvez utiliser des logiciels en ligne comme Canva pour rendre votre couverture un peu plus pro et jeter un œil sur Dafont pour les polices. Attention, surtout, à prendre des images libres de droit, tout comme pour la police d’écriture ! Oui, la recherche sera plus longue pour trouver ce qui vous convient, mais vous ne risquez pas de subir des poursuites judiciaires. Et puis, mettez-vous à la place de l’illustrateur : vous aimeriez, vous, qu’on se fasse de l’argent sur votre travail ? C’est franchement indécent. 

En revanche, pour l’aspect correction et mise en forme, pas de miracle ici. Si vous n’avez pas les moyens pour un correcteur ou une correctrice, vous êtes bon pour relire, relire, et encore relire. Si un ami est assez généreux pour vous aider lors de cette tâche ardue, sautez sur l’occasion. Un œil extérieur est essentiel. On ne le dira jamais assez, quand on a le nez plongé dans son manuscrit, on ne voit plus rien tant on le connaît par cœur. 
Un seul mot d'ordre ici... travailler encore plus !  


Une mauvaise (ou bonne !) expérience avec l’édition à compte d’auteur ? J’attends vos témoignages !
N’hésitez pas à m’envoyer un message sur kellychevalier.redac@gmail.com
Que ce soit anonymement ou avec votre nom, que vous acceptiez de donner le nom de la maison ou non, n’hésitez pas à me partager votre retour. Je dédirai un article complet lorsque j’obtiendrai assez de matière.
Merci à vous !

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